Samedi 24 mars 2007, Luxembourg, le manuscrit perdu

Lac d’Echternach. Cliché MTP.

Quatre semaines viennent de se passer. Quatre semaines consacrées à préparer l’accompagnement du Conseil d’Orientation des itinéraires culturels puis à commencer à mettre en œuvre des décisions. Trois semaines de placard en quelque sorte.

Il y a eu pourtant des voyages, écartelés entre Sienne, Strasbourg et Paris. Il y a eu pourtant des rencontres et non des moindres, autour du partage, avec nos partenaires de la Route de l’Olivier ou de la Via Regia. Mais cette grande traversée m’apparaît comme un adieu temporaire. J’avais pu garder du temps, pendant plusieurs mois, pour mettre en ordre des notes prises ici et là. J’ai perdu de nouveau cette liberté sous une sorte de pression un peu vaine.

Dans les romans éternels, il y a toujours un manuscrit perdu. Des pages égarées, une bibliothèque brûlée, un tremblement de terre, un carnet oublié dans l’avion ou le taxi, un exemplaire unique détruit par une amante vengeresse ou oublieuse.

C’est ce trou noir qui vient s’inscrire au centre. C’est dans cet espace vide et inconnu que le texte s’égoutte, lettre à lettre.

Il y avait des légendes à leur commencement qui ne se poursuivront pas.

Ce n’est pas grave, elles prennent langue avec tous les contes du monde.

Il y avait des parents éveillés en sursaut, la nuit, pour partir vers leur mort.

Ce n’est pas grave, ils sont des millions dont les noms s’égouttent dans la noirceur des camps désaffectés.

Il y avait des amours enfantines, cachées du regard du monde et la douceur des dents de lait qui s’entrechoquent, quand les langues n’ont encore rien à dire.

Ce n’est pas grave, il y a tant de naissances à chaque seconde et tant de jeunes poitrines qui s’épanouissent.

Les livres ne meurent pas de ce vide qui les aspire. Ils s’en nourrissent, tout au contraire.

Je reviens à ces notes. J’en ai certainement perdu certaines, mais les lectures et les rencontres ont déposé un sédiment précieux. En l’agitant un peu, l’eau se trouble et des figures se dessinent à nouveau.

La vie revient.

Lac d’Echternach. Cliché MTP.

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