Du jeudi 16 novembre 2006 au 11 février 2007 : la Génération Royale ?

Cliché MTP

En attendant, comme beaucoup, le 11 février prochain, avec impatience et même inquiétude, pour connaître le résultat d’un travail de « proximité » engagé par Ségolène Royal et son équipe, je reviens à mes notes du 16 novembre dernier. Elles vont dans le sens du constat d’une sorte de tremblement de terre – à petite échelle sur la carte de l’Europe, mais d’un véritable séisme à l’échelle de la France. On en connaît l’épicentre puisque la terre avait déjà tremblé à Poitiers lors des élections régionales. Comme si un événement majeur était intervenu. Comme si les résultats de l’élection, élogieux pour la femme encadrée de deux hommes, ses contradicteurs, étaient définitifs. Comme si, en quelque sorte, il s’agissait du résultat final et que, chose étrange et inédite, une femme était devenue Président(e) de la République…en France. 

D’un côté, j’ai déjà assisté à des grandes soirées de victoire…pour des hommes. De l’autre, je connais aussi les déceptions qui ont peu à peu détruit la confiance et parfois généré des réactions totalitaires, lors des votes suivants. Par conséquent, ma première réaction est d’être prudent.

Au plus loin de mon souvenir, ce sont les deux victoires du Président François Mitterrand qui me viennent à l’esprit. 

La première, la plus belle, m’habite toujours et la joie du concert qui a suivi à la Bastille, et la remontée de la rue Soufflot, vers le Panthéon, toutes étapes que je n’ai pas voulu manquer.  Je ne crois pas, si je fais confiance à mes souvenirs, avoir été le seul à vivre des journées-là comme la sortie d’une longue glaciation.

La seconde, je ne l’ai perçue que de loin, dans les clameurs d’un poste français reçu sur les petites ondes, captées avec difficulté à Queensborough où je séjournai chez des amis. Je ne pouvais certes pas compter sur les télévisions américaines pour en savoir plus. Ou était donc la France, dans cette Europe à l’image un peu indécise, en 1988, vue des USA de Reagan ?  

Combien de livres ai-je pu lire sur les déçus du Mitterrandisme ? Je ne me sens pas personnellement déçu. Simplement, là aussi, plus réaliste et prudent. Je sais que l’ascension de l’Extrême Droite française en a été le prix. 

Je me souviens aussi de la victoire du Président Emil Constantinescu, dans la soirée du 17 novembre 1996.

 Après l’annonce des résultats et la joie de Pro TV, première grande télévision réellement privée et dynamique et qui était pour quelque chose dans le changement d’image des élections en Roumanie, une grande partie de la population de Bucarest est venue agiter des trousseaux de clefs devant le balcon de l’Université, près des croix rappelant le décès des étudiants six années plus tôt, sous le régime de son prédécesseur Ion Iliescu, ce Président qui s’était mis en place lui-même après la Révolution. Ce sont, je crois, les habitants des villes et les minorités hongroises qui contribuèrent à le détrôner pour choisir Constantinescu, mais c’est un retour de flamme qui le mettrait de nouveau au pouvoir en 2000. Et je sais aussi à quelle vitesse la déception a tracé son chemin, au point d’enterrer pour des années l’espoir que nourrissait Ana Blandiana d’une véritable conscience civique étendue dans ce pays.

Tout au contraire, pour un temps, le parti nationaliste de la Grande Roumanie a connu de nouvelles heures de gloire.  

Je me souviens surtout d’avoir revu ce Président universitaire et géologue dans la cour de l’Abbaye de Neumünster, en compagnie des deux autres présidents, Ion Iliescu bien entendu et Traian Bašescu, le Président actuel, quand le 25 avril 2005, la Roumanie et la Bulgarie ont signé près de nous la ratification du Traité de l’Union Européenne. 

Trois présidents l’un derrière l’autre qui avaient été parties prenantes des négociations sur l’adhésion et que Jean Claude Juncker avait tenu à inviter. Trois présidents un peu écrasés par le poids de leurs carrières politiques superposées. Le moins mal à l’aise étant certainement le plus âgé, habitué à bien des retournements de situations, depuis la période communiste. 

Sur un autre plan, je me souviens de la joie de Catherine Trautmann, lors de la victoire électorale de 1997, peu de temps avant qu’elle devienne ministre. Est-ce le seul souvenir concernant une femme ?

Je me souviens de bien d’autres moments d’exaltation : de ceux vécus par mes amis dispersés en Europe, à Vilnius, Bratislava, Madrid, Fidenza, Rome, Saint-Jacques de Compostelle, quand un gouvernement infamant, un premier ministre accapareur des médias, un président de la République corrompu par l’argent d’un trafiquant d’armes, un président de région rescapé du franquisme, ont été renvoyés…mais j’aimerais tant me souvenir, dans quelques années, de la victoire d’une femme que l’Europe ne connaissait pas ou connaissait peu il y a encore un an.  

Est-ce que je ne fais qu’espérer, comme beaucoup de Français de mon âge, l’arrivée d’une Génération Royal(e), pour mes propres enfants, après la Génération Mitterrand dont j’ai fait partie ? Est-ce simplement de la nostalgie ; un échange de bons procédés ? Un devoir à leur égard. En tout cas la volonté profonde que son adversaire retourne à la culture de son ego.

Je suis vraiment dans l’attente. Et plus encore, comme Catherine Guibourg qui a consacré son blog « L’Europe dans la Campagne« , dans l’attente impatiente que l’Europe, comme projet ouvert, vienne finalement prendre place dans les éléments du programme qui s’élabore autour de Madame Royal. 

Pour l’instant j’examine les attitudes, les textes, les déclarations, les visites de la candidate. Ainsi Ségolène Royal est-elle venue au Luxembourg il y a quelques jours toucher la main du Premier Ministre, comme si aujourd’hui, on devait visiter le pape de l’Europe pour hériter d’un talisman. Elle a parlé d’un avenir européen qui passerait par une reconsidération des résultats du Référendum constitutionnel et par un nouveau vote. Elle évoque par ailleurs dans un petit document trouvé sur son site  et intitulé bizarrement « L’Europe par la preuve », une formule qui sonne mal et reste assez peu compréhensible.  

Plus proche de mes activités, je considère avec bienveillance le fait qu’elle ait accepté que depuis Melle, centre de coordination du Plan Art Roman, la Région Poitou-Charentes soit partie prenante d’un projet d’itinéraire culturel nommé « Transromanica », qui porte sur l’art roman en Europe, et qui vient de recevoir, enfin, le droit à la mention de Grand Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe. 

Mais au fait, la rareté de ses déclarations et de ses actes européens n’est-elle pas autre chose qu’une forme de réalisme sur l’importance de l’Europe, comme union inéluctable ou évidente des peuples, l’idée que de toute manière, le mouvement est en marche ? J’aimerais le croire ! Ou bien est-ce une absence totale de réalité intime, de vécu européen, de vision sur un horizon de paix et de démocratie concernant le continent et qu’il faut pourtant que la candidate entretienne à l’avenir en permanence avec ses futurs collègues, chefs d’Etats ? Une absence de vécu ou la négation d’une histoire familiale liée aux conflits continentaux, comme c’est le cas chez beaucoup de jeunes pour qui aujourd’hui l’Europe n’est même pas un sujet de dispute ou de consensus, pour qui ce n’est plus un sujet, tout simplement ? 

Un continent où des jeunes, à des milliers de kilomètres de distance, de Séville, de Gdansk, de Tallinn, de Marsala, de La Valette, de Iasi, de Plovdiv, naissent aujourd’hui, avec un passeport commun, des droits semblables et des possibilités accrues de voyager, de se rencontrer et de travailler ensemble, est-ce encore en effet un continent en question ?  Nous sommes quelques-uns à passer beaucoup de temps à tenter de leur faire toucher du doigt les raisons de ce travail nécessaire, entre mémoire et actualité.

Qu’est-ce donc que l’Europe dans la tête de la candidate et de ses conseillers, de ses proches ? Un signe de jeunesse, de jeunisme, et donc d’oubli de l’essentiel, une construction en chantier, ou une simple évidence qui n’a plus besoin d’être considérée comme un projet ? Pourtant son site se nomme « Désirs d’avenir »

Je dois dire qu’au-delà du résultat du 16 novembre, qui constituait en effet une révolution culturelle et sociale, au sein du Parti Socialiste et plus généralement dans le monde politique français, il reste maintenant à poser une volonté qui ne peut seulement être celle de gagner : la volonté de savoir comment, dans l’espace européen, une autre forme de dialogue doit être entretenue. 

Je voudrais pouvoir voter sur des idées.  Surtout sur cette vision d’un partage européen. 

J’attendrais encore un peu. Pas trop cependant ! 

Cliché MTP

Photographies de l’auteur : 1 – Le Président Traian Basescu, Calin Popescu Taraceanu (Premier Ministre de la Roumanie lors de la signature du Traité) et l’ancien Président Ion Iliescu accueillis par le Maréchal de la Cour. 2 – le Président Emil Constantinescu avec le Premier Ministre Jean Claude Juncker.

Robe Ségolène Royal, cliché AFP

Un commentaire sur “Du jeudi 16 novembre 2006 au 11 février 2007 : la Génération Royale ?

  1. On dit souvent la question européenne « enterrée par les candidats » ou on la qualifie de « question annexe » : il n’est rien. En tout cas pas du côté de Nicolas SARKOZY.

    Un redémarrage de l’Union Européenne

    Pour le Président de l’UMP, il faut « permettre à l’Europe de redémarrer ». Loin de vouloir remettre en cause le vote des Français du 29 mai 2005, mais conscient qu’il n’y a pas de « plan B », Nicolas SARKOZY souhaite faire adopter un traité limité aux questions institutionnelles, pour permettre à l’Union Européenne de fonctionner. Il proposera ainsi la création d’un poste stable de Président de l’Union européenne et d’un poste de ministre des Affaires étrangères européen.

    Egalement soucieux de concentrer l’action européenne sur des politiques concrètes, Nicolas SARKOZY veut engager des négociations avec nos partenaires européens sur tous les sujets où nous avons besoin de politiques globales : l’immigration, l’énergie, l’écologie, la politique industrielle ou encore la recherche biomédicale.

    En réponse à ceux qui pensent que l’Europe nous freine, Nicolas SARKOZY répond en proposant de permettre aux pays qui veulent avancer plus vite de le faire, en développant des coopérations renforcées.

    Parce que l’Europe n’est plus en mesure d’accueillir de nouveaux membres, Nicolas SARKOZY demande que soit stoppée toute nouvelle adhésion tant qu’aucune réforme institutionnelle n’a eu lieu. Il exige également un arrêt des négociations d’adhésion avec la Turquie et souhaite les réorienter vers la conclusion d’un partenariat stratégique.

    Une Europe plus protectrice

    Pour une Europe plus protectrice, Nicolas SARKOZY prône, à l’image de l’espace Schengen sur la circulation des personnes, la création d’un grand espace de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme et de la lutte contre la criminalité organisée. Il consisterait en des échanges de fichiers et de renseignements, des règles pénales communes ou encore la création d’un poste de procureur européen.

    Nicolas SARKOZY veut aussi créer une force d’intervention européenne de sécurité civile (« casques verts »).

    La France, plus présente en Europe

    Parce que l’Europe ne se fait pas sans les peuples, Nicolas SARKOZY veut renforcer le rôle des représentants des gouvernements nationaux, notamment dans la conduite de la politique monétaire européenne.

    Il veut en outre renforcer le rôle du Parlement français dans la conduite de la politique européenne de la France. Cela passerait par la création de commissions permanentes au Parlement, par la communication de tout projet d’acte européen et par la mise en place d’un débat au Parlement avant et après chaque Conseil européen.

    Nicolas SARKOZY veut par ailleurs garantir le principe de préférence communautaire, pour permettre à nos entreprises de consolider leurs positions avant de se lancer dans la conquête de marchés extérieurs. Il veut modifier la politique européenne de concurrence, pour ne pas empêcher la constitution de champions européens. Il demandera enfin à l’Union européenne de supprimer l’attribution de fonds structurels aux pays qui pratiquent le dumping fiscal ou social.

    Impliquer les Français dans l’Europe

    Très attaché à la jeunesse, Nicolas SARKOZY veut donner à chaque jeune la possibilité de faire un séjour prolongé dans un pays de l’Union dans le cadre de ses études. Il propose ainsi la généralisation des programmes Erasmus et Leonardo, l’augmentation des bourses de mobilité et le développement des prêts à taux zéro.

    De plus, afin d’impliquer davantage les salariés Français dans l’Europe, Nicolas SARKOZY souhaite créer un dispositif européen de participation des salariés aux bénéfices des entreprises européennes. Cette mesure aura par ailleurs un impact positif sur le pouvoir d’achat des Français : une des priorités du candidat de l’UMP.

    Nicolas SARKOZY : la bonne voie pour la bonne Europe

    Entre une gauche qui prône un élargissement infini de l’UE (au nom de la solidarité) et une extrême droite qui veut « sortir de l’Europe », Nicolas SARKOZY propose une voie équilibrée.

    Entre une gauche qui agite sans cesse l’épouvantail d’une Europe qui serait « ultra-libérale » et une extrême droite qui décrit l’Union Européenne comme un carcan qui étrangle la France, Nicolas SARKOZY propose de faire de l’Europe un espace de protection accrue et un véritable moteur pour la France.

    Louis BAPTISTE

    http://opinionpolitique.canalblog.com

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