Mardi 4 mars 2008, Fréjus : dans la fracture du réel

Cliché MTP

En prenant des notes, quand Pierre Daquin pose sur la table, les uns après les autres, des travaux de même format.  

Carrés paradoxaux qui se suspendent plus qu’ils ne se présentent, qui ont chacun un parcours particulier, mais qui semblent bien être issus les uns des autres, se générer. 

Leur suspension est spatiale d’abord en ce que leur paradoxe vient de l’illusion qu’ils manipulent tous en permanence : du près au lointain.  

Mais leur paradoxe est tout autant objectal, car ils voyagent en permanence du descriptif à l’abstrait, du figuratif à la suggestion, de la richesse de l’accident, à la volonté acharnée d’un résultat. 

Le Tiers s’exerce d’abord sur le sujet même de la peinture. Paysage ; en effet, comment ne pas y penser ? Mais quels paysages ? Celui que suggèrent quelques nymphéas accidentels, quelques éboulis possibles, une sorte de reflet de lune, qui n’est peut être qu’un trop plein d’encre ou de pigment… ? 

Et que dire encore des allusions faites aux techniques de la peinture, quand la référence proposée est à la fois un bonzaï dont on sait que Daquin a élevé des dizaines avec une patience d’horloger – jeu d’échelle – un surplomb couvert de végétation réapparaissant dans la brume – paysage transitionnel comme on le dit du tissu d’en enfant qui l’aide à passer de la dépendance à l’autonomie – ou encore le sfumato de différents peintres, dont le célèbre Leonardo da Vinci, refusant le contour précis, ou encore l’éthique de la ligne, au profit de l’ambiguïté.  

Tiers mondes encore qui nous amènent à chercher où nous situer et où le situer. 

A quoi peut-on s’attendre quand l’abstrait est dans l’abstrait, le réel dans l’abstrait et le réel dans le réel ? 

Fusion Carbone 5. Cliché Pierre Daquin

A ce stade où je veux écrire plus formellement, il ne me reste donc plus que de superposer des voies d’entrées :  

Le cadre de référence 

Les nymphéas et la tradition chinoise 

Les rapports décalés et le porte bonheur 

Peindre comme on tisse ou comme on fait une glaçure de céramique 

Peindre avec des micro-catastrophes 

Pousser la peinture ou la tordre 

Rechercher l’accident ou la rupture

Savoir prendre le temps et le bonheur de peindre 

La peinture ne rouille pas, c’est la rouille qui aide à peindre 

Une peinture trouvée c’est à la fois le bitume, le cuivre, la rouille, la griffure ou l’encre de Chine 

L’échelle et la loupe 

Le rouge et le vert de l’Estérel 

Eboulis et cailloux 

Fer à repasser 

La peinture en gravitation 

Brouiller les pistes de références 

Les Surréalistes interpellés 

Le centre, le retrait, le vide 

Le Sfumato, François Boucher et Leonardo da Vinci 

On peut toujours dire comment le geste se passe, mais on ne peut prédire le résultat ou en préjuger 

La solution est dans le vide, pas dans le plein 

Quand le décoratif détruit le décoratif 

C’est d’abord la trame qui est détruite comme si le peintre quittait la contrainte qu’il s’était imposée 

Mais je me laisserais certainement guider par le choix de Pierre, lorsque les travaux et leurs références d’origine auront été placés côte à côte ou vis à vis, pour resserrer le commentaire. 

Alors un désordre prendra sens et je sais déjà que ceux des travaux que j’aime le plus feront partie du paradoxe total.

Cliché MTP

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