
Revenir du terrain à l’administration quotidienne des itinéraires culturels nécessite une réadaptation constante, mais nécessaire.
Je suis heureux que le mois de mars ait pu débuter sur des rives ensoleillées et que, pour quelques jours, il ait débuté avec le temps qu’il faut pour faire une liste des impressions qui peuvent devenir des idées utiles aux partenaires. Les textes prennent parfois plus d’énergie qu’on imaginait. Parfois ils savent dormir avant de revenir à la surface, ce qui est le plus sage.
Je reviens cependant à la réalité dans une sorte d’interrogation ; loin des œuvres d’art et des paysages souverains, mais dans une autre attente, celle qui vise la transmission. Il ne s’agit plus là de parcours impromptus, mais de mettre sur une route, la bonne je l’espère, ceux qui veulent bien croire dans la vertu d’un programme européen majeur.

Ce sera donc une autre fracture de quelques jours, avec des rencontres qui passent des chemins de pèlerinage de saint Jacques ou de saint Josse, aux routes des Huguenots, à celles des exilés politiques de l’Italie fasciste, aux routes romanes, aux migrations en Europe, aux forts du Danube, au patrimoine du fer de l’Europe centrale, aux roses peintes par Redouté, aux vignobles historiques, ou aux projets touristiques de la Croatie, ainsi qu’aux itinéraires de Saint Willibrord et de la bataille de Vouillé.
Ce blog personnel sert parfois à me placer sous un autre angle pour répondre aux questions quotidiennes ; en me proposant un contrepoint, voire un regard ironique. Cette fois je me mets pour quelques jours au centre de la visée des uns et des autres et dans le passage parfois indistinct entre l’imagination et la volonté, au moment où un projet peut prendre sa place dans un dispositif plus vaste que l’on nomme un itinéraire culturel.

Et finalement, pour avoir enseigné tant d’années, je ne fais que me remettre dans les pas du passé, quand je restais plus de quinze heures par semaine à me pencher sur les loupes et les microscopes, à interroger les élèves, souvent plus sur une approche de l’observation que sur l’observation elle-même.
Il n’y a que neuf années que j’ai cessé ce type de rapport à la découverte botanique et biologique. Mais je continue pourtant chaque jour à voir lentement poindre le regard impressionnant et l’imagination vive de ceux qui veulent que leur vie change en capturant la nôtre.