Dimanche 5 août 2007, Luxembourg, le temps dilaté ou Babel sans ReTour

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Ce n’est pas vraiment que je manque de temps pour écrire. C’est plutôt une sorte de paresse généralisée. Celle qui prend tout le corps à témoin quand a tête n’arrive pas à dire : écoute cela suffit !  

Une trop longue absence aussi entre deux êtres qui s’aiment. 

Autant dans la préparation d’un programme dément qu’il me faut rationaliser pour en prendre la mesure, que dans la rédaction quotidienne, il me vient une envie de prendre la tangente et de regarder ici et là dans mes armoires si un film ne viendrait pas combler un vide que même les crèmes suaves et les glaces à la pistache ne peuvent pas remplir. 

C’est le temps des vacances, autrement dit. Et chaque organe en possède une sacrée mémoire au point de paralyser tous les autres, s’il n’est pas satisfait d’un peu de repos ou d’un peu de changement.  

J’avais envie depuis deux semaines de parler du mariage de mon fils. Une vérité impressionnante : celle de savoir que l’on participe à un désir commun et que de ce fait chaque rite devient juste, vécu, nécessaire. Pour leur bonheur et, ce qui est plus surprenant, pour le mien ; dans l’instant présent, comme dans le retour en force du passé dans les visages des présents. 

Florent a dit à un moment, à tous, que cette occasion était exceptionnelle car parmi tous ceux qui étaient là réunis, beaucoup  ne se reverraient sans doute jamais. Il n’a pas ajouté, bien que vous fassiez tous partie de ma vie…et de celle de Véronique ! Ce qui veut dire au fond qu’en eux deux nous vivrons une histoire commune, même si nos univers ne se recroisent plus. 

Même si cela peut avoir une lecture un peu définitive, c’est une expression très raisonnable ! Beaucoup de participants se sont dit en effet un adieu définitif. Parce que la vie est ainsi et que les cercles qui se coupent dans un étang ne viennent que du hasard de deux éclats qui ont transpercé la surface en même temps. 

Je n’avais pas vu au cinéma « Babel ». Je l’avais par contre enfermé dans une pile de DVD. Dans un moment de souffle, je l’ai regardé. 

Nous sommes en plein dedans.  

L’effet familial que Florent a cherché et réussi à contrôler, pour quelques heures, est de plus en plus rare. Nous ne sommes plus reliés qu’à quelques proches et quelques amis et si nous avons de la chance, à un amour ; mais nos rapports planétaires sont devenus bien plus importants et conséquents que les rapports familiaux, si on entend la famille au sens large, dans ses racines et ses filiations à l’ancienne, comme dans son éclatement et son bégaiement récent. 

Quoi de commun entre une étudiante japonaise sourde et muette et une famille de berger dans un quasi désert marocain, entre la balle d’un fusil qui atteint une famille, au travers d’une jeune femme, de l’Afrique à l’Amérique du Sud ? Quoi de commun entre tous ceux qui chaque jour m’écrivent, comme si nous étions à deux pâtés de maison, dans le même climat global, au même stade de préoccupation ?

Que reste-t-il de personnel, sinon la douleur – je ne dis pas la souffrance, si commune – non, vraiment, la douleur d’une absence ?  

Paradoxalement, Il reste aussi les petits bonheurs que les enfants savent mettre en scène.

J’ajouterais : et l’écriture qui revient en surface pour indiquer pudiquement que dans le rite, il y avait des anfractuosités pour ceux qui voulaient vraiment se dire : je t’aime. 

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