Jeudi 26 avril 2007, Arlon : dans les pas de saint Martin

Construction de l’Eglise saint Martin à Arlon

On ne peut pas simplement mettre en place un discours sur l’Europe à des milliers de kilomètres de chez soi, en ignorant le territoire dans lequel on vit. Ni toujours prendre à parti les intellectuels, au pôle le plus avancé des réflexions sur l’avenir de ce même continent. 

Nous nous sommes installés au Luxembourg en 1997 et grâce au gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, ce défi de coopération européenne a pu continuer, alors que l’Institution qui lui a donné naissance ne se faisait plus la moindre illusion sur son avenir.  

Une ministre et quelques fonctionnaires luxembourgeois ont eu le courage de prendre le relais et de continuer, depuis cette date fondatrice, à nous accueillir et à nous donner les moyens qui doivent permettre d’en trouver d’autres et d’exercer un effet multiplicateur.  Et même si l’Institution strasbourgeoise a régulièrement revendiqué la paternité des idées, comme il se doit, comme elle le mérite souvent, les faits sont têtus et le bilan facile à faire.

Une Institution est faite d’hommes qui se succèdent et dont les formes du pouvoir prennent l’aspect de repentirs. Pourquoi continuer ? Ou bien à l’autre extrême : pourquoi laisser cette merveille en dehors ? Ou bien encore : toute cela est bien obsolète ! Entre le pôle du rejet et celui de la jalousie, les repentirs des chefs nous ont pourri la vie pratiquement de manière permanente. Heureusement, les chefs se font la guerre et finissent toujours par se tuer, au moins par s’annuler ! 

Il n’empêche, nous avons au Conseil de l’Europe de bons anges, qui régulièrement nous protègent ou pour le moins, effacent les effets des mauvais coups. Là aussi le bilan est facile à faire et les responsabilités sont très claires. 

Vitrail et statue dédiés à saint Martin, Arlon

Pour l’instant il s’agit de célébrer…Et de nous préparons une célébration avec le minimum de moyens et sachant que nous devons en trouver le maximum. Le balancier continue de passer de droite à gauche, peut-être un peu plus lentement qu’autrefois. Gageons qu’à force de balancements, le Conseil de l’Europe risquera finalement de perdre sa paternité au profit d’autres institutions.

Cet anniversaire en dira peut-être plus.

Mais pour revenir au Luxembourg, il va de soi que ce pays peut revendiquer à juste titre sa participation à la coopération générale. Il a su, avant bien d’autres, définir un point d’impact qui semblait mineur, il y a vingt ans : mettre en avant les itinéraires modestes qui passent par les villages.  

Il y a vingt années Georges Calteux avait compris que son propre mode de vie, là même où ses ancêtres avaient vécu et créé du mobilier pour les églises et pour les riches, dans la période calme de l’Empire autrichien, était partie au patrimoine. Là précisément où ils avaient subi quotidiennement les effets dramatiques des conflits sanglants, et aussi au moment des vagues d’émigration, comme dans la montée d’une richesse nationale quasiment inégalée dans le monde développé depuis plusieurs dizaines d’années.  

Là où il pouvait encore raconter l’histoire de sa famille…et se raconter lui-même. Là, où, en charge du patrimoine national, il pouvait le célébrer dans son rapport au monde et dans la réalité de son village… Là même, où le patrimoine possédait une chaleur spécifique qu’il pensait transmissible. 

A-t-il eu raison ? Je veux dire, dans la pratique de la transmission, car en ce qui concerne le travail de mise en valeur, il est visible et continuera longtemps à l’être. Je me demande ! Car il a confié cette utopie à des gens qui avaient surtout besoin de s’implanter ; et moins de transmettre. Les lobbyistes ne sont jamais des passeurs. Et ce sont eux qui, pour l’instant, ont gagné. 

Mais une réalité est là, donnant du sens au monde rural, une réalité dont nous tentons, nous aussi de rendre compte et de la prolonger, là où elle peut l’être, dans d’autres pays, avec d’autres passionné(e)s. 

Exposition pour le centenaire de l’Eglise saint Martin d’Arlon

Saint Martin pourrait, paradoxalement, nous y aider ! La mise en évidence de l’effet des migrations aussi. 

Il se trouve qu’en deux journées, la Sicile et le Centre de la France ont dû disparaître très vite de ma mémoire au profit de cette Grande Région où l’on fête l’esprit européen sans que nous soyons directement concernés, sinon par quelques magnifiques occasions de rencontres.

Deux vernissages, deux ouvertures, disons mieux, ont semble-t-il ouvert ces possibilités d’aides concrètes. 

Les voisins belges de la Province de Luxembourg possèdent une église néo-gothique, qui mériterait le titre de cathédrale s’il se pouvait, sous l’égide de saint Martin.  Elle fête cette année son centenaire et inscrit d’ailleurs ses actions, sous l’impulsion de son doyen, dans une volonté de mise en relation des paroisses dédiées à l’évêque de Tours. Deux expositions donnent le la, dans une recherche des origines. Une fête paroissiale aura lieu le 26 août prochain.

Voilà donc une amorce pour donner un peu de consistance à la recherche d’un tracé régional. En suivant les traces du saint, de Trèves à Luxembourg et Arlon. Sur les voies romaines qui passent le long de la Moselle et devaient rejoindre Reims d’un côté et Nancy de l’autre. Dans la recherche d’une vieille histoire que l’on peut rajeunir. 

Du partage, dont il faudra donner matière ici au Luxembourg, au moment où Luxembourg 2007 parle des scénarios d’avenir dans une exposition nommée « All we need », jusqu’au concret d’un parcours accompagné d’un âne, les itinéraires culturels peuvent illustrer leurs caractéristiques transfrontalières, aujourd’hui. Je veux dire vingt ans après la première amorce. 

Le travail va se mettre en place. J’y reviendrai donc dans le cours de la mise en ligne d’un site nouveau sur la Grande Région qui n’attend que son lancement.    

 

Vitrail. Eglise saint Martin d’Arlon

 

 

 

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