
Mon travail m’amène à lire beaucoup. Je reçois chaque jour des centaines de courriers électroniques, dont un bon tiers vient me donner des nouvelles de toute l’Europe ; de ceux qui conduisent des projets, parlent du futur, comme de ceux qui nourrissent un itinéraire grandissant. la plupart s’attendent bien entendu à ce que je leur réponde dans la minute.
La presse européenne me parvient plutôt par voie électronique que par voie postale. Je trouve d’ailleurs plus facilement dans les officines du Luxembourg les journaux et les magazines germaniques et anglais que français, italiens et espagnols. Pour ceux-ci l’internet est devenu essentiel. Mais je reçois par contre en service gratuit les journaux socialistes luxembourgeois, tandis que je trouve les journaux catholiques sur mon chemin. Ce sont donc eux, dans les versions française et allemande (Le Wort a créé La Voix et pilote un magazine illustré, Telecran qui m’apprend tout chaque semaine de la vie de la Cour Grand-Ducale, tandis que le Tageblatt a créé le Quotidien et patronne l’hebdomadaire en langue française le Jeudi où les pages s’ouvrent à l’Europe entière). Je peux aussi bien entendu trouver aisément la presse belge francophone ; La Libre Belgique et Le Soir.
Depuis des mois, la presse européenne cherche à comprendre ce qui arrive à la Belgique et chaque jour un scénario succède à un autre. N’ayant pas la télévision, je ne regarde les marionnettes politiques belges que très peu ; le temps de capter un ballet de voitures ou des interviews de couloir filmés dans les corridors de Bruxelles, lorsque je suis dans une chambre d’hôtel où TV5 m’apporte le journal télévisé belge. Les seuls politiques que je connaisse sont plutôt locaux ou communautaires.
On sait que quelques mois avant les dernières élections – c’est-à-dire il y a presque un an – qui ont laissé les élus sur le sable des plages de nombreux mois, la RTBF avait conçu le canular le plus étonnant qu’un pays, où le Surréaliste a marqué les arts et l’histoire, puisse concevoir : la séparation de la région flamande.
Nous travaillons beaucoup avec la région Wallonne qui fait partie de la Grande Région et ceci depuis plus de dix ans, mais je n’ai toujours rien compris à la réalité des strates politiques des différents pouvoir superposés et à celle de leurs réseaux intriqués. Par contre j’ai bien compris combien un francophone pouvait être mis à distance, ignoré, voire repoussé dans des situations quotidiennes, à Anvers, ville que j’aime depuis mon adolescence pour des raisons que je raconterai sûrement. Mais c’est pourtant dans cette ville que j’ai vécu les plus grandes vexations et rencontré le plus grand mépris liées à la langue.
Comme je reviens toujours avec des semaines de décalage sur toutes les notes laissées de côté depuis le début de l’année, je ne peux ignorer qu’un gouvernement de transition a accouché depuis d’un vrai gouvernement et que, en ce début mai, une nouvelle crise linguistique mine ce même gouvernement d’équilibristes.
Mais en honneur de tous mes amis qui me disent que les gouvernements régionaux et provinciaux font bien l’affaire pour pallier un manque d’état fédéral, je leur dédie cette note journalistique luxembourgeoise trouvée le 30 janvier…une perle.
Je trouve important de prendre la mesure des différentes politiques et des différentes cultures européennes par une note quotidienne venue de la lecture des journaux européens. Les dépêches de presse qu’ils reçoivent les amènent parfois à donner de la place à des événements locaux qui n’ont d’importance que pour la dizaine de personnes concernées. Sans doute cherchent-ils à combler un vide. Mais il ne faut certainement pas négliger le fait qu’ils veulent aussi projeter l’observation de mœurs étranges dans un paysage plus large. Ainsi : « Le juges, procureurs, greffiers et autres employés du palais de justice de Bruges, dans le nord-ouest de la Belgique, sont priés depuis hier d’apporter leur propre papier-toilette en raison d’un problème avec un fournisseur. Le stock de papier hygiénique est presque épuisé et, sur la porte des toilettes, une affichette met en garde, sans équivoque : « Il n’y a plus de papier ». Le fournisseur habituel du palais de justice de la « Venise du nord » a cessé ses livraisons pour protester contre des arriérés de paiement de plusieurs milliers d’euros, selon la même source. Un stock d’urgence d’une vingtaine de rouleaux a été livré hier, mais la société attendra que le ministère de la justice règle ses factures en retard pour reprendre du service. »
Comme quoi l’absence d’un gouvernement peut toujours avoir des répercussions dramatiques locales.
vous penser comme des génies
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