Dimanche 26 août 2007, Arlon et un chemin en partage

Je ne sais que trop bien ce qui fait que l’affrontement du religieux et du laïc vient se placer de nouveau au cœur de l’actualité de l’Europe, si ce n’est dans l’offensive d’un pape qui a décidé de marquer un territoire qui, dans l’exercice de la Doctrine de la Foi, a été tout un : religieux et rien d’autre ! 

Je suis, par contre persuadé qu’il faut sortir de cette crise momentanée.  

Travailler comme nous le faisons dans le programme des itinéraires culturels du Conseil de l’Europe en prenant en compte de grands sujets religieux, ne signifie justement rien d’autre que le religieux a constitué la trame quotidienne de la société occidentale européenne pendant des siècles.

Sans polémique, sans négation de notre regard laïc ou agnostique. C’est un fait !

L’art roman n’est pas un art décoratif, mais la définition d’un espace sacré délimité par des histoires qui permettent de mieux s’approprier une légende, d’en faire une croyance, voire une familiarité avec le divin ; même si cette familiarité n’est pas exempte de craintes en ce qui concerne la réalité d’un au-delà.

Il y a des vies de faiblesses, de tentations, de méchanceté qui seront toutes jugées comme sur une balance, entre le bien et le mal. Et pour nous tous, il y a le Mal, avec une majuscule qui chaque jour s’exprime dans la négation individuelle de l’Autre et de manière collective, dans le génocide. Un Mal que toutes les époques ont généré, voire célébré et dont Hannah Arendt, entre autres philosophes, a analysé les racines.

Au pire de la bombe atomique, de l’extermination dans les camps, des gaz paralysants, des massacres religieux ou ethniques…et sans doute de l’Inquisition toute puissante pour faire reculer les hérésies du Judaïsme et de l’Islam, pourvoyant l’argumentaire du Massacre de la Saint-Barthélemy et des dragonnades. 

Une croyance, ou une énigme, c’est selon nos convictions. Mais un fait, ancré au plus profond de nous, parfois même tapi, prêt à bondir.

Travailler sur les sujets religieux c’est désigner le fait qu’un patrimoine est d’abord une histoire à hériter et à transmettre. Pas juste une histoire de murs et de figures ou un respect scrupuleux des critères d’un Règlement, mais le développement d’un sens. 

De fait, je n’aurais jamais imaginé que je devrais monter sur l’autel d’une église pour parler de l’Europe. Ce sera donc l’itinéraire de Saint Martin qui m’en aura donné l’occasion. 

J’ai déjà évoqué il y a quelques mois le centenaire de l’église d’Arlon. Il y avait un rendez-vous important ce dimanche, au retour de Galice, pour la Fête du parvis de Saint Martin.   Et des milliers de fidèles qui ont suivi la messe concélébrée et coordonnée par le curé Doyen. Et à la fin de cette messe une présentation du programme des itinéraires culturels et une présentation des raisons pour lesquelles un Saint et son geste de miséricorde peuvent devenir le symbole d’une citoyenneté européenne active.  Nous avons réalisé avec Martine Campangne, ce qui peut apparaître comme un défi.

Une première pour moi en tout cas. 

Et dans l’assistance, j’ai pu percevoir le sentiment que l’Europe quotidienne n’était pas un refus du religieux, sa mise à distance inquiète, mais juste sa mise en perspective historique, doublée d’un respect fondamental envers ceux qui, dans une société sécularisée, vivent et expriment leur croyance.

Fête du parvis, pose d’un pas de saint Martin, puis départ pour un parcours sur les voies romaines que Manon Pinatel a préparé depuis des mois…Huit journées de marche, cent cinquante kilomètres d’Arlon à Trèves en passant par le Luxembourg, avec la participation d’une douzaine de jeunes Belges et Luxembourgois, d’une Italienne et d’un Roumain…

Tant que le respect s’exerce toutefois dans les deux sens.  

Et avec un âne, pour épouser le légendaire martinien et partir à la recherche du patrimoine et de l’histoire, sans oublier les aspects ludiques. 

Quand je me prends à penser que ces itinéraires culturels nous les avons vraiment conçus comme un laboratoire…j’espère qu’ils le resteront, parallèlement aux nécessités administratives ! 

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